v Mécanismes élémentaires de
l’orientation et leur contribution aux mécanismes supérieurs :
-
19ème
siècle : Auguste Comte
" Positivisme = cadre matérialiste & rejet de la
métaphysique et de la théologie
-
1ère
moitié du 20ème siècle : Watson
" Béhaviourisme = Description du comportement
selon les stimulations (manifestation matérielle, concrète et observable) &
exclusion de toute notion d’état interne et des variables intermédiaires (=
boîte noire)
" Etude des taxies : Travaux sur
les animaux inférieurs (surtout les arthropodes) avec des mesures précises des
stimulations dans un environnement simple et mesures du comportement (les plus
simples possibles)
Ø Réactions
d’orientation primaires = Taxies et cinèse :
Cinèse :
= Modification
des caractéristiques cinétiques du déplacement (vitesse linéaire et/ou
angulaire) en réaction à la perception d’un gradient de stimulation.
Exemple : Variation
de vitesse angulaire chez le cloporte selon un gradient d’humidité :
Taxie :
-
Classement
selon la nature de stimulation :
-
Phototaxie,
-
Géotaxie,
-
Chimiotaxie,
-
Etc.
-
Taxie
positive = la réponse à la stimulation consiste en une approche.
-
Taxie
négative = la réponse à la stimulation consiste en un éloignement.
-
3 catégories :
-
Trophotaxie :
Elle consiste en un déplacement directe
vers (ou à l’opposé) de la source. Les 2 capteurs sensoriels ont une
stimulation égale (symétrie bilatérale)
-
Télotaxie :
Elle consiste en la possibilité de ne
pas avoir la même quantité de stimulation sur les 2 capteurs sensoriels.
L’individu a le choix entre 2 sources (souvent selon l’intensité)
-
Trophotaxie :
Elle consiste en un déplacement directe
vers (ou à l’opposé) de la source. Les 2 capteurs sensoriels ont une stimulation
égale (symétrie bilatérale)
Elle permet de se déplacer dans tout
l’espace selon un angle a et le moment du jour.
Par exemple, au
matin avec a=90°
permet de se diriger vers le nord.
-
Si la source de
stimulation est à l’infini, comme le soleil, les rayons de stimulation sont
parallèles et le déplacement est rectiligne.
-
Si
la source est proche, les rayons sont radiaires et le déplacement est spiralé
vers la stimulation.
Les taxies
animales sont calquées sur les taxies végétales. Les animaux se comportent
comme des automates.
-
2ème
moitié du 20ème siècle :
" Cognitivisme = l’animal n’est pas que réactif mais
aussi actif dans son environnement.
Ce courant
critique les méthodes et les théories des classifications de ces comportements
d’orientation :
-
L’environnement
du laboratoire est trop épuré avec des animaux trop simples pour pouvoir
généraliser à tous les animaux. Les taxies sont des artéfacts du laboratoire.
-
Il
y a une classification des comportements d’orientation selon la nature de
stimulation et le déplacement qui en découle, sans prendre en compte les
mécanismes neurosensoriels.
Quel intérêt
pour l’étude des taxies aujourd’hui ?
Une étude des
taxies permet la distinction entre stimulus agent et stimulus signal.
Stimulus agent |
Stimulus signal |
Stimulus analysé de manière simple et
qui agit par son intensité (voire aussi de la direction de sa source) Intensité " Cinèse Intensité + Direction " Taxie |
Analyse de son intensité,
éventuellement l’orientation de sa source, mais aussi de sa qualité
configurale Intensité " Cinèse Intensité + Direction " Taxie |
Il
y a une graduation des réactions aux stimuli qui correspond à peu près à la
phylogenèse (complexification du système nerveux sensorimoteur), mais aussi à
l’ontogenèse.
Les taxies sont considérées comme les
bases de l’ontogenèse des comportements d’orientation. Elles permettent la mise
en place de la cognition spatiale.
Ø Taxies
innées mais modifiables :
Caractéristiques d’un comportement inné
selon Lorenz :
-
Présence
à la naissance,
-
Expression
similaire chez tous les membres de l’espèce,
-
Apparition
malgré une privation partielle ou totale de l’expérience sensorimotrice
correspondante,
-
Non
modifiable par l’apprentissage.
Il ressemble à
une réponse comportementale de type réflexe.
Taxie :
Elle apparaît
sans expérience préalable chez tous les membres d’une espèce. Elle est
observable chez les individus naïfs (élevés en laboratoire) relâchés dans le
milieu naturel.
Génétique et taxies :
Il y a la
possibilité de réaliser des sélections artificielles sur la base des phénotypes
« taxies ».
Exemple de
sélection sur la géotaxie chez la drosophile :
Choix entre
descendre et monter et sélection des individus ayant toujours monté et ceux
ayant toujours descendu.
Les études ont
démontrés l’existence d’un déterminisme polygénétique (3 à 4 gènes)
Il y a la
possibilité de réaliser des mutations.
Exemple de mutations
bar, tan, yellow chez la drosophile :
-
bar
" Sensibilité
inférieure à la lumière
-
yellow
" Sensibilité
supérieure à la lumière
-
tan
" Insensibilité à
la lumière
Ces gènes
agissent sur la réaction locomotrice (et non sur la perception)
Plasticité des comportements taxiques :
Variation selon
l’âge, l’environnement, l’état physiologique.
Exemple des scolytes :
Exemple des abeilles
et des fourmis :
Elles présentent
une phototaxie positive le matin et négative le soir.
Possibilité
d’extinction des réponses taxiques.
Exemple du
grillon des bois :
Le
jeune présente une scototaxie (= attirance par le noir, toujours sous–entendue
positive) S’il est placé dans une boîte avec une zone d’ombre sans valeur
biologique, 10 fois par jour pendant 40 jours, il y a une extinction de la
scototaxie.
Dans le milieu naturel, l’obscurité est
signe de moins de chaleur et de plus de litière (donc plus de nourriture) Dans
le laboratoire, il n’y a rien de tout ça. Cette taxie perd de son utilité.
Exemple du
talitre :
Il effectue des
va–et–vient avec celui des vagues via une photoménotaxie.
Ø Une
étape précoce de l’ontogenèse des comportements orientés :
Evolution de la scototaxie à
l’orientation basée sur les repères terrestres :
(= stimulus agent) (= stimulus
signal)
Exemple du
grillon des bois :
Le 1er
stade larvaire présente une scototaxie (et une phototaxie négative) stricte.
Le talitre suit
les bords de la prairie.
Le talitre a
développé une configuration terrestre pour longer la prairie et a choisi une
zone privilégiée (un arbre) pour y vivre.
Autre exemple : les grillons
fluviaux et les lycoses (araignée chasseuse) :
Dans un 1er
temps, ils ont une scototaxie. Puis, ils sélectionnent des repères particuliers
et il n’y a plus de déplacement linéaire vers l’obscurité. Il y a un affinement
du comportement.
Evolution de la phototaxie à l’orientation
basée sur le compas solaire (repères solaires) :
=
astrotaxie
Exemple du
grillon des bois :
-
Au
bout de 4 à 6 semaines, la phototropotaxie négative évolue en photoménotaxie.
Il n’y a pas seulement la fuite de la lumière, mais aussi le déplacement pour
la survie (se nourrir) Chaque individu développe un angle a préférentiel, sur des critères
idiosyncrasiques.
-
Au
bout de 3 à 4 mois, toute la population a le même angle a préférentiel, en corrélation
avec les ressources locales du milieu.
-
Puis,
l’orientation préférentielle diffère avec la position du soleil, via une
compensation temporelle (compensation du mouvement du soleil)
Exemple de
l’abeille :
-
La
larve a une phototaxie négative.
-
L’adulte
a une phototaxie positive, puis une photoménotaxie positive.
La
compensation du mouvement du soleil par l’utilisation d’une éphéméride
(=informations sur la position du soleil durant les différents moments de
la journée)
Comment acquérir
une éphéméride ?
Les repères
terrestres sont fixes et des angles (des rayons du soleil) sont associés avec
le moment de la journée (déterminé par une horloge interne) Il y a l’existence
de bases innées d’éphémérides.
Expérience :
Des
abeilles ne connaissent que la position du soleil du soleil entre 15
H
et 18H. Puis, on les teste le matin et
le midi.
-
Cette
expérience met en évidence d’éphéméride inné grossier : la position du
soleil au matin est l’opposé de celle de l’après–midi.
-
L’expérience
individuelle est nécessaire pour mémoriser un moment de la journée
-
Des
ajustements se font au fur et à mesure de l’expérience des autres moments de la
journée.
Ø Implication
des taxies dans les comportements orientés plus complexes :
L’astroménotaxie
est un comportement orienté complexe.
Les
taxies sont impliquées dans des comportements complexes autres que
d’orientation.
Le comportement
locomoteur permet l’exploration du monde et donc l’acquisition d’expériences,
augmentant les relations avec l’environnement et permettant ainsi des ébauches
comportementales (émergences)
Ø L’ajustement
à l’environnement = 2 modèles :
Les 2 modèles cohabitent.
L’animal a tendance à se déplacer et
percevoir des stimulations.
D Ce sont des modèles simples et
caricaturaux.
Modèle instructif :
A la naissance,
il y a un petit nombre de taxies (petit nombre de comportements alimentaires)
Le contact avec l’environnement se fait de manière grossière. Au cours de
l’ontogenèse, une relation dialectique entraîne un affinage des comportements
de base et une émergence de comportements nouveaux.
Exemple du
grillon des bois :
-
Il
y a une très forte fidélité à certaines zones géographiques.
-
A
la naissance, il y a 3 tendances taxiques : scototaxie, phototaxie
négative et géotaxie positive.
-
Dès
quelques jours, la larve se déplace vers des zones sombres avec des trajets
sinueux. Puis, il s’installe rapidement une linéarité clairière–forêt. Il en va
de même pour des larves nées en laboratoire puis relâchées en milieu naturel.
" Ceci est dû à l’expérience et non à la maturation.
-
Ensuite,
il y a la mise en place de rythmicité de la scototaxie qui évolue avec la
journée (maximale le matin et minimale le soir) La phototropotaxie négative
évolue en photoménotaxie qui correspond à une astroménotaxie avec compensation
temporelle.
-
La
compensation temporelle consiste en une relation entre les repères célestes et
les repères terrestres.
Þ Durant
l’ontogenèse, la scototaxie et la phototaxie évoluent en comportements
complexes
Modèle sélectif :
A la naissance,
une grande variété de comportements de base est présente. Au cours de
l’ontogenèse, il y a une sélection des taxies pertinentes.
Exemple du
talitre :
-
Le
comportement de base consiste en un déplacement :
-
vers
la plage durant la nuit (recherche alimentaire détritivore)
-
vers
la mer durant la journée (protection de dessiccation)
-
Sur
une plage avec une pente marquée, la géotaxie dominante.
-
Sur
une plage avec une pente peu marquée, la scototaxie est dominante.
-
Le
poids relatif géo/astrotaxie se fait selon le milieu :
-
Une
plage riche en repères terrestres favorise la géotaxie,
-
Une
plage pauvre en repères terrestres favorise l’astrotaxie.
" Il y a une sélection des taxies plus efficaces
(poids relatif) par une hiérarchisation assez précoce des taxies.
Þ Cela permet des
comportements adaptés (plus efficaces) mais rend l’animal moins flexible.
Expérience :
-
L’avantage
de CIA est que sa plage naturelle change d’orientation selon les marées. Cette
population est donc adaptée au changement
-
La
population FEN a perdu en flexibilité
Þ Concept de
canalisation (épigénétique)
(= perte de
flexibilité avec la spécialisation)
Spécialisation " Augmentation de
l’efficacité, mais aussi risque en cas de changement du milieu.
Flexibilité " Adaptation au
changement, mais efficacité moindre.
Ø Re–contextualisation
dans les modèles des mécanismes du comportement :
Ontogenèse :
Réaction
inconditionnelle
$
Modification des
seuils avec des renforcements (expériences)
$
Ajustement à des
stimuli
Modèle Umwelt :
Le modèle réagit
à des stimulations par des comportements moteurs (formation de boucles
réactionnelles) Il y a la création d’un monde fonctionnel avec la notion
d’attente, de motivation, de renforcement.
Modèle autopoïétique :
Il
y un état initial, dont des interaction avec l’environnement via les taxies.
L’environnement crée des perturbations, changeant ainsi l’état initial pour
retrouver un équilibre avec l’environnement.
L’état initial est le point de départ,
sans instruction pour son devenir. Ce n’est qu’un pré–câblage autour duquel
l’individu évolue via des idiosyncrasies.
v Sensorialité, perception et
comportement = notion de perceptive active :
Ø Vision
chez les insectes :
Les fourmis :
Ces animaux
présentent des yeux à facettes, dont le terme « yeux composés » est
plus correct, et des ocelles (= bosses au–dessus de la tête)
-
L’œil
simple est une lentille encapsulée avec l’ensemble des récepteurs.
-
L’œil
composé est une structure à l’extérieur de la tête avec plusieurs facettes
(ommatidies) Une ommatidie est l’unité fonctionnelle de réception. Chaque
photorécepteur est muni d’une lentille.
2 contraintes à l’œil composé :
-
Nécessité
de bouger la tête pour éviter l’adaptation des récepteurs. L’œil simple bouge par micro–saccades, appelées saccades oculaires.
-
Faible
acuité visuelle.
L’acuité
visuelle est définie par l’angle minimal entre 2 points pour pouvoir les
distinguer. L’acuité des insectes est liée à l’angle inter–ommatidien (angle
pour que 2 ommatidies différentes soient stimulées)
Pour augmenter
l’acuité, il faut diminuer l’angle inter–ommatidien, donc augmenter le diamètre
de l’œil et/ou augmenter la concavité (c’est–a–dire augmenter le rayon de
courbure)
Une déformation locale, appelée
pseudo–fovéa, consiste en une zone de meilleure acuité au détriment d’autres
zones.
3 exemples de pseudo–fovéa :
-
Le vol :
Il y a un
gradient d’acuité visuelle : Frontal " Caudal
Equatorial " Dorsal et Ventral
L’avantage est
une bonne vision de ce qui se passe devant l’animal et une baisse des
interférences (informations inutiles = bruit de fond)
-
La marche :
Il y a un
gradient d’acuité visuelle : Frontal " Caudal
(Idem que pour le vol) Equatorial " Dorsal et Ventral
L’avantage est
aussi le même que pour le vol. Cela concerne les insectes marcheurs avec une
forte prédominance de la vision dans l’orientation.
-
La poursuite de
cibles (prédation et reproduction) :
Les
pseudo–fovéas sont très localisées, permettant de focaliser les zones visuelles
pertinentes. Par exemple, la mante religieuse possède 2 zones frontales qui se
recoupent (vision 3D)
Concernant la
reproduction, les zones sont surtout frontales et vers le haut : la
poursuite de femelles se fait par le bas.
Avantages des yeux composés ?
Les ocelles sont
des yeux simples présents chez les arthropodes.
Pourquoi ne pas
les avoir développer ?
-
Les
yeux composés permettent un champ visuel quasiment égal à 360°, avec un angle
mort inférieur à 10° (voire nul)
-
C’est
la structure idéale pour utiliser des détecteurs élémentaires de mouvements
(DEM) de part leur câblage facilité.
-
Il
y a la possibilité de modifier l’arrangement des ommatidies en fonction des
besoins (même possibilité chez l’œil simple)
Ø Concept
de perception active :
Il consiste en
l’utilisation du comportement pour obtenir des informations sensorielles
adaptées à la tâche.
Exemples :
-
Le grillon :
Il effectue des
mouvements lors de fixation rétinienne d’un bord. Il présente une scototaxie
particulière (suivi de zones de contraste) avec des réflexes optomoteurs
consistant en des micro–saccades locomotrices pour éviter l’adaptation des
récepteurs rétiniens.
-
Utilisation de la parallaxe de mouvement pour
détecter la distance des objets :
Le champ
binoculaire est assez faible chez les insectes. L’utilisation de la parallaxe
de mouvement permet la vision en 3D, via la vision de mouvement de
l’environnement par rapport à l’individu en déplacement. La vitesse relative
des objets environnementaux lors du déplacement permet la distance relative de
ces objets.
-
L’abeille :
L’expérience
consiste en l’apprentissage de recherche alimentaire au centre d’une cible. Le
mouvement des abeilles reproduit à peu près la cible représentée (suivi des
contrastes) Les abeilles naïves effectuent les mêmes mouvements que les
abeilles expérimentées.
Les abeilles
expérimentées ont tendance à voler suivant à rencontrer les lignes (vol
transversal), tandis que les abeilles naïves longent les lignes (suivi de
contrastes)
" La différence
entre ces vols se situe dans leur objectif (= obtenir des informations
visuelles) :
(9) La tâche est la reconnaissance
de forme. Le mécanisme requis est la fixation rétinienne.
(10) La tâche est la détection de la hauteur
de la forme. Le mécanisme est l’optimisation du mouvement apparent entre
la plateforme et du fond (croisement de repères pour détecter celui qui bouge
plus vite que l’autre)
Ce comportement consiste
à inhiber un réflexe, le suivi de contraste.
Þ
A la naissance, il existe des structures (adaptées aux besoins) et des
comportements réflexes. Mais il y a aussi une flexibilité comportementale (=
intégration différentes des informations) et le changement de comportement avec
l’extraction d’informations permet l’obtention de nouvelles stimulations.
v Neuroéthologie de
l’orientation par rapport à un compas solaire :
Ø Mécanisme
d’intégration du trajet :
Exemple de la fourmi
du désert :
Elles effectuent
un fourragement solitaire, sont nécrophages et sortent entre 12H et 14H (heures où
d’autres insectes meurent à cause de la chaleur) Leur système nerveux présente
2 instruments utiles : un compas (» boussole) et un
odomètre (estimation des distances)
Pour le compas,
il faut un point de référence, dont la position est permanente dans le temps.
L’idéal est un point à l’infini, donc un point céleste ou magnétique. Pour les
fourmis, il s’agit d’un point visuel céleste : le soleil.
Le problème de
visibilité du soleil ne les gênent car elles ne perçoivent directement le
soleil, mais elles perçoivent certaines qualités de la lumière du ciel
(intensité, couleur, etc.)
Ø Notion
de lumière polarisée :
La lumière est
une onde électromagnétique. A partir d’une source, le rayon lumineux (onde)
vibre dans toutes les directions. Un analyseur croisé est un filtre
polarisateur qui tourne dans toutes les directions. L’utilisation d’un
analyseur et d’un filtre permet la détection de direction de vibration du rayon
lumineux.
La lumière
venant du soleil n’est pas polarisée, mais elle le devient en traversant la
couche d’ozone (rencontre de molécules d’O2)
O =
observateur ; OS = regard direct du soleil ; OP = regard du ciel sans
regard direct du soleil (= lumière polarisée)
Plus le rayon
est tangentiel à l’atmosphère, plus le degré de polarité est fort.
Patrons =
cercles concentriques symétriques par rapport à l’axe solaire–antisolaire
(c’est–à–dire symétriques par rapport à l’axe Est–Ouest)
Ø Utilisation
de lumière polarisée par les insectes :
Expérience :
Un grillon sort
de son terrier à la recherche de nourriture (trajet sinueux) Un filtre de
polarisation (2) est positionné
au–dessus de lui tout le long de se recherche. Lors du retour au terrier, un
filtre de polarisation (1) est positionné
au–dessus du grillon, le trajet se fait en ligne droite mais est décalé de 90°.
Dans l’œil simple, les cônes
présentent des replis membranaires possédant des pigments : molécules
réagissant à la lumière (= transducteurs du signal), appelées rhodopsines. Les
photons entraînent un changement de conformation Cis–Trans des pigments, déclenchant
un potentiel récepteur.
La rhodopsine est une molécule allongée
et donc orientée dans un axe. Le changement de conformation est d’autant plus
facile que la vibration du photon est dans le même axe de pigment. Dans l’œil
simple, les pigments sont répartis aléatoirement dans leur direction dans
l’espace.
Dans l’œil composé, chaque ommatidie présente des
replis membranaires alignés dans le même sens et les pigments sont alignés dans
l’espace. La stimulation optimale si l’axe de polarisation est le même que
l’axe du pigment.
La
réponse des photorécepteurs est corrélée à l’axe de polarisation de la
stimulation lumineuse. Elle est maximale dans les UV et la lumière visible
jaune–vert.
Les récepteurs présents dans la région
dorsale sont sensibles aux UV, mais aussi spécialisés pour détecter la lumière
polarisation. Cette région est ainsi appelée région POL.
En
dehors de la zone POL, les ommatidies sont constituées de 8 cellules visuelles
enroulées sur elles–mêmes. Il y a donc une préférence pour un axe de
polarisation différent tout le long du photorécepteur. Cela inhibe la capacité
de détection de la lumière polarisée, supprimant la prise d’informations
parasites car il y a une absence de réception directe de la lumière solaire.
En zone POL, les
cellules sont rectilignes et l’angle de zone ciel est plus grand. En effet, il
n’y a pas besoin d’une grande acuité visuelle ; il faut surtout percevoir
une grande portion du ciel pour préciser la
polarisation de la lumière. Le but est de comparer les polarisations de
différentes zones du ciel pour y trouver un axe de symétrie (axe
solaire–antisolaire) et ainsi trouver l’orientation de son déplacement.
Sur les 8 cellules d’une ommatidie, 2 sont orientées
horizontalement et 6 verticalement.
Ø Traitement
dans le système nerveux :
Activité d’une
cellule dans la zone POL :
En fait,
l’activité des ommatidies varie de manière sinusoïdale :
Cela
permet la mise en évidence de neurones POL.
Les seules
cellules visuelles convergent vers un même interneurone.
Stimulation : |
|
Du
photorécepteur horizontal |
Du
photorécepteur vertical |
$ |
$ |
Activation de l’interneurone |
Inhibition de l’interneurone |
Lumière
polarisée avec un axe de polarisation : |
|||
Horizontal |
Vertical |
||
$ |
$ |
$ |
$ |
Activation du photorécepteur
horizontal |
Inhibition du photorécepteur vertical |
Inhibition du photorécepteur horizontal |
Activation du photorécepteur vertical |
$ |
$ |
$ |
$ |
& Activation de l’interneurone |
( Inhibition de l’interneurone |
( Activation de l’interneurone |
& Inhibition de l’interneurone |
ß |
ß |
||
&& Activation de l’interneurone |
&& Inhibition de l’interneurone |
L’ommatidie
fonctionne comme un analyseur croisé.
Remarque :
La réponse des
interneurones est indépendante de l’intensité de la lumière, dans le sens où
les photorécepteurs croisés sont tous 2 au même degré de stimulation (en ce qui
concerne l’intensité) Donc l’interneurone analyse une différence de potentiel
(entre les photorécepteurs horizontaux et verticaux) et n’est pas influencé par
l’intensité.
-
Les
informations partent des ommatidies vers les lobes optiques. La bilatéralité
est conservée : les ommatidies de la zone POL droite convergent sur leurs
interneurones respectifs dans le lobe optique droit (idem du coté gauche)
Dans chaque lobe
optique, on distingue 3 classes de neurones selon leur direction préférentielle
de l’axe de polarisation : 0°, 60 et 140°. Cela permet une meilleure
robustesse aux erreurs de perception.
-
Ensuite,
les neurones des 2 lobes se projettent dans le complexe central (unique) où
l’on distingue plusieurs classes de neurones avec une direction préférentielle
de 10° en 10°.
Puis, les
informations partent dans d’autres centres d’intégration associés à la mémoire,
au complexe de la boussole ou encore à la distance…
Les degrés sont
toujours donnés par rapport à l’axe de symétrie solaire–antisolaire. Cet axe
est déterminé par la comparaison des informations provenant des 2 yeux.
v Conclusion :
-
Les
mécanismes comportementaux sont les composantes de mécanismes élémentaires et
de mécanismes plus complexes. Les mécanismes (ou comportements) élémentaires
sont aussi dits « innés » ou pré–câblés. Les mécanismes (ou
comportements) plus complexe dérivent de comportements élémentaires et
intègrent des composantes environnementales.
-
Notion de filtre
sensoriel :
L’histoire
évolutive des animaux peut permettre l’apparition de filtres sensoriels adaptés
qui vont, par leur adaptation morphologique, sélectionner et même réaliser un 1er
traitement périphérique des stimulations de l’environnement.
Ici, on peut
considérer que la zone POL de l’œil des insectes est une « représentation
externe » du patron de la lumière polarisée céleste.
-
Traitement
séquentiel et parallèle des
informations sensorielles.
-
Notion de perception
active :
De part son
comportement, l’animal n’est pas seulement réactif, mais aussi acteur de sa
perception.