Depuis Darwin,
on sait que les animaux sont non seulement capables d’instinct mais aussi de
« réflexion », de « raisonnement ».
Dans la fin du
19ème siècle, il y a eu plusieurs écrit sur l’intelligence des
animaux.
Le Béhaviourisme
présente le comportement des animaux comme rigide et automatique :
Un stimulus x amène à une
réponse y.
Un stimulus z amène à une
réponse w.
Ce concept est vrai si l’environnement n’était
pas changeant. Mais comme notre environnement est toujours changeant, il est
faux.
Le but de
l’animal est la survie et donc se reproduire (= assurer une descendance, la
pérennité de ses gènes) Il a donc besoin d’adaptation.
Les fluctuations
de l’environnement peuvent être lentes ou rapides, les adaptations se font donc
de 2 façons :
-
Fluctuations
à long terme " Adaptation génétique par le biais de la
sélection naturelle,
-
Fluctuations
à court terme (aléatoire) "
Adaptation comportementale.
Les adaptations
se font donc par :
-
Par
la sélection naturelle avec une transformation physiologique et/ou
morphologique.
" Il s’agit d’un processus lent, coûteux pour
la population et relativement irréversible.
-
Par
une plasticité souple et plus rapide avec une modification du comportement en
tenant compte de son expérience antérieure.
Le but est de trouver une solution nouvelle à des problèmes nouveaux. Le comportement est l’outil le plus souple, le plus perfectionné et le plus rapide pour permettre cette adaptation.
Il
n’existe qu’un seul processus permettant la modification des
comportements : l’apprentissage.
Il permet à un organisme de modifier son comportement en tenant compte de ses expériences, de telle manière qu’il soit en mesure d’éviter de répéter les mêmes erreurs et d’ainsi ajuster finement et perfectionner son comportement.
Définition
large :
L’apprentissage
correspond à une modification adaptative du comportement provoquée par
l’expérience.
-
Il
se constate en mesurant une performance à un moment donné, puis plus tard.
-
Il
implique le système nerveux central.
-
Il
suppose l’acquisition d’information, leur stockage (mémorisation) et leur
actualisation (rappel)
Laps
de temps
Séance de rappel Performance
On observe
progressivement des effets de l’apprentissage, on parle d’oubli (ou d’amnésie)
La
mémoire :
Il s’agit des
processus permettant le stockage et la restitution (rappel) des expériences
passées.
Apprentissage " Acquisition des informations
Mémoire " Stockage et rappel
L’éthologie
apporte :
-
Une
approche comparative (= phylogénétique) dans le règne animal.
" Avec une étude
des molécules de la mémoire en utilisant des apprentissages mis au point par
les éthologues.
-
Une
approche fine des comportements lors de situations d’apprentissage.
" Avec une étude
de neurobiologie.
L’intelligence :
Il s’agit de la
capacité pour un individu d’ajuster son comportement en fonction des conditions
changeantes de l’environnement.
La cognition :
Il s’agit de
l’aptitude à construire des réponses pour résoudre un problème. Elle est liée
au concept de représentation mentale.
Il existe 2
grands types d’apprentissages :
-
Les
apprentissages simples,
-
Les
apprentissages complexes (ou cognitifs)
v Apprentissage non
associatif :
Il est la
conséquence de l’expérience avec un seul type de stimulus (ou événement)
Ø Habituation
:
Exemple : S’il y a un escargot est sur une planche en
bois et que l’on tape sur celle–ci, l’escargot rentre la tête dans la coquille.
Si l’on tape plusieurs fois, la tête ne rentre plus.
Définition :
C’est le processus
par lequel la réponse à un stimulus, représenté de façon répétée, va diminuer
ou éventuellement disparaître.
Amplitude de
la réponse
100 %
50 %
0% Présentation
successive du stimulus
1 2 3 4 5 6
Elle se produit
généralement lorsque l’organisme apprend que le stimulus n’a pas de valeur de
signification particulière pour l’activité en cours.
" Cela permet l’élimination des réponses
inutiles.
L’habituation
existe dans tout le règne animal depuis les protozoaires.
Exemple : L’aplysie (ou limace de mer)
Travaux de
Kandel (prix Nobel en 2000)
À la suite d’une
petite stimulation tactile, le siphon se rétracte dans le manteau ainsi que les
branchies. Si cette stimulation est répétée, il n’y a plus de rétraction du
siphon.
L’habituation se
produit en réponse à des stimuli non nociceptifs comme :
-
Les
illuminations,
-
Les
chocs légers,
-
Les
bruits,
-
Les
leurres visuels ou sonores de prédateurs.
§ Concept de
déshabituation :
La présentation
d’un stimulus de forte intensité (dit stimulus déshabituateur) entraîne un
phénomène de déshabituation qui se manifeste par une restauration de la réponse
habituée.
Amplitude de
la réponse
100 % Habituation
déshabituateur
Nouvelle
50 %
habituation
0% Présentation
successive du stimulus
1 2 3 4 5 6
Exemple :
On observe la
réaction de sursaut à un son chez un groupe de rats. Il est à noter que la
réponse au 2nd stimulus est plus ample que celle au 1er.
Amplitude de
la réponse
100 %
Flash lumineux
50 %
0% Présentation
successive du stimulus
1 2 3 4 5 6
§ Récupération spontanée de la
réponse :
Si l’on cesse de
présenter le stimulus pendant une durée assez longue, on observe une
récupération spontanée de la réponse.
Exemple : Habituation chez un insecte (dans l’approche
de femelles non réceptives par un mâle)
30
secondes après :
60
minutes après :
24
heures après :
Ø Sensibilisation
:
Exemple : L’aplysie :
On lui pique la
tête avec une épine, elle rentre la tête. Si on répète cette stimulation, la
réponse va être de plus en plus importante.
Définition :
La présentation
répétée d’un stimulus entraîne une augmentation de l’amplitude ou la
probabilité d’apparition d’une réponse.
Elle va se
produire pour des stimuli de forte intensité comme des stimuli nociceptifs
(ex : un choc électrique)
Elle présente
une valeur adaptative extrêmement importante.
Exemple : La fuite d’un danger :
Amplitude de
la réponse
100 %
50 %
0% Présentation
successive du stimulus
1 2 3 4 5 6
§ 1ère
caractéristique :
Plus l’intensité
du stimulus est élevée, plus il est susceptible de donner naissance à un
phénomène de sensibilisation.
§ 2ème
caractéristique :
Lorsque l’on
présente de manière répétée un stimulus produisant un phénomène de sensibilisation,
il y a tendance à perdre de son efficacité.
Amplitude de
la réponse
100 %
50 %
0% Présentation
successive du stimulus
1 2 3 4 5 6
Ø Empreinte
:
Elle est souvent
observée chez des espèces nidifuges (où les jeunes quittent très tôt le nid, à
la différence d’une espèce nidicole)
Exemple : Le caneton, l’oison, l’agneau :
Il s’agit d’un
comportement adaptatif : les jeunes suivent la mère parce qu’elle sait ce
qui est un danger ou non.
Définition :
C’est une forme
d’apprentissage rapide qui permet le développement de relations d’attachement
sur un modèle de l’environnement juste après la naissance.
§ Empreinte filiale :
Travaux de
Konrad Lorenz (prix Nobel en 1973) :
L’empreinte
caractérise l’attachement durable et profond du jeune poussin au 1er
objet stimulant et mobile avec lequel il se trouve en contact dans les heures
ou les jours qui suivent son éclosion (objet émettant de préférence un son)
Cet attachement
pourra avoir des conséquences sur la nature des conduites sociales lorsque
l’individu sera devenu adulte.
Caractère
inné : Capacité à réagir à une
stimulation de l’environnement.
Caractère
acquis : Caractéristiques de cette
stimulation.
Pour
l’agneau :
L’empreinte est
globalement olfactive.
Pour l’oiseau
nidifuge :
L’empreinte est
plutôt visuelle.
§ Empreinte sociale :
Exemple : La fourmi, l’abeille, le chien :
L’intégration
dans le groupe dépend de contacts sociaux précoces.
§ Empreinte
environnementale :
Exemple : Le saumon :
Il est effectue
un retour au lieu précis de sa naissance pour se reproduire (= frayer)
Il lui est donc
nécessaire de mémoriser ce lieu.
Si l’on parfume l’eau,
le saumon retourne là où il y avait l’odeur. La mémorisation du lieu est
surtout olfactive (on ne parle pas de la mémorisation du trajet qui est plus
complexe)
§ Empreinte sexuelle envers les
parents ou les autres jeunes de la portée (ou de la fratrie) :
Exemple : Les bruants :
On a laissé les
petits faire l’empreinte filiale. Ensuite, on a échangé un petit de chaque nid
avec l’autre.
" Ces petits se sont reproduits avec les
individus de l’espèce adoptive.
§ Empreinte parentale :
Exemple : Le goéland argenté, le manchot empereur, la
brebis :
Les parents sont
capables de mémoriser les caractéristiques de leurs jeunes.
2 jours après
l’éclosion, le goéland va imprégner le cri du jeune et va tuer tous les autres
petits.
§ Notion de période critique :
Il s’agit de la
période de temps pendant laquelle l’empreinte peut se produire. Elle est
limitée à une courte durée.
Maintenant, on
préfère parler de période sensible.
§ Notion
d’irréversibilité :
Lorsqu’un
attachement a été réalisé à l’égard de l’objet d’empreinte, l’animal ne pourra
pas, ou beaucoup plus difficilement, réaliser un attachement à un nouvel objet.
D En réalité, on sait aujourd’hui que période sensible et
irréversibilité ne sont pas absolues.
Conclusion :
L’empreinte est
un apprentissage, puisqu’il s’agit d’une modification du comportement, liée à
l’expérience.
Elle ne semble
pas se fonder sur un renforcement, elle peut donc être classée dans les
apprentissages non associatifs.
Mais l’empreinte
dépend d’une période sensible. Cette caractéristique est la principale
objection à sa reconnaissance comme phénomène d’apprentissage
« authentique ».
v Apprentissage
associatif :
Il se fait par
association de 2 événements :
-
Soit
2 stimuli,
-
Soit
un couple comportement – conséquence.
Il est aussi
appelé conditionnement.
Ø Conditionnement
classique :
Il est aussi
appelé :
-
Conditionnement
pavlovien,
-
Conditionnement
répondant,
-
Conditionnement
de type I,
Il consiste en
l’association de 2 stimuli et a été découvert par Ivan Pavlov (prix Nobel)
j Nourriture Salivation
(réponse réflexe)
= SI = RI
k Son Pas
de réponse réflexe
= Stimulus neutre
l Son + nourriture Salivation
= SC + SI = R
m Son Salivation
= SC = RC
-
Le
stimulus déclenchant la réponse réflexe correspond au stimulus inconditionnel (SI)
-
La
réponse réflexe correspond à la réponse inconditionnelle (RI)
-
Le
stimulus neutre va devenir le stimulus conditionnel (SC)
-
La
réponse déclenchée par le stimulus neutre est alors la réponse conditionnelle (RC)
Beaucoup de superstitions
sont basées sur ce type de conditionnement.
(SI) j RI
S1 R
k l
S2
(SC)
-
Le
1er stimulus (S1 ou SI) évoque
naturellement la réponse (R ou RI)
-
Le
2nd (S2) est
initialement neutre. Après un certain nombre d’appariement et si certaines sont
respectées, le stimulus neutre (SC) acquiert la possibilité d’entraîner la
réponse (RC)
Le
conditionnement pavlovien existe dans tout le règne animal depuis les vers
(planaires) jusqu’à l’homme.
Il permet aux
êtres vivants de distinguer les événements prédictibles de l’environnement de
ceux qui ne le sont pas.
Exemple : Le conditionnement de peur (sonore) entraîne
un système de défense.
SI : choc électrique " RI : « freezing » (=
immobilisation)
SC : son (ou lumière)
SC
+ SI : son + choc électrique
(plusieurs
fois) 6
SC : son " Immobilisation
Il permet aussi
d’étudier l’émotion. Il existe 3
règles à respecter.
§ Loi de continuité :
Le
conditionnement ne peut se réaliser que si les 2 stimuli sont présentés de
manière rapprochés dans l’espace et le temps, généralement de manière répétée
(appariements)
(200 à 500 ms)
SC
+ SI
(plusieurs fois) 6
§ Associations
privilégiées :
Des associations
inutiles ne peuvent pas être conditionnées.
§ Ordre de présentation des
stimuli :
Il est
indispensable que le SC précède le SI, ou qu’il démarre avant lui.
Cette notion est
à relativiser : l’association est possible mais on n’a pas la réponse. Il
s’agit surtout d’un problème d’expression de l’association pour l’animal.
Ø Conditionnement
opérant :
Il est aussi
appelé :
-
Conditionnement
skinnérien,
-
Conditionnement
instrumental,
-
Conditionnement
de type II,
Il consiste en
l’association d’un comportement avec sa conséquence.
Dans le conditionnement classique, l’animal est « passif » ;alors que dans le conditionnement opérant, l’animal est « actif ».
Il
doit apprendre une tâche ou résoudre un problème par des essais et des erreurs
Travaux de
Thorndicke (1996) :
Les chats sont
enfermés dans des cages d’où ils devaient essayer de sortir en tirant dans un
anneau.
Travaux de Skinner :
Pour obtenir de
la nourriture, la souris (ou le rat) peut apprendre à appuyer sur un levier
(animal naturellement explorateur)
C E
Un comportement
C (produit spontanément) est suivi dans un court délai par un événement E.
-
Si
E a une forte valeur biologique (récompense ou punition) la relation C – E a un
effet sur la probabilité de C. Celui–ci devient beaucoup plus fréquente ou rare.
Ce type de
conditionnement est qualifié d’opérant parce qu’il requiert une action du sujet
sur son environnement. Il s’agit d’un comportement nouveau que le sujet doit
découvrir lui–même.
Il est différent
du conditionnement classique car le sujet ne réagit pas de manière purement
réflexe d’un stimulus inconditionnel.
Il est qualifié
d’instrumental car le sujet exerce une certaine forme de contrôle sur les
conséquences de son activité.
Toutes les
activités d’un sujet qui conduisent de manière fortuite (au hasard) à
l’obtention d’une récompense ou à l’évitement d’une sanction sont susceptibles
d’être conditionnées.
C’est–à–dire
qu’après un certain nombre d’associations avec leur conséquence, elles sont
susceptibles de s’exercer de manière volontaire.
Cas de
l’enfant : Il y a un avertissement
et une explication.
Exemple : L’évitement actif :
Soit 2
compartiments (l’un sombre et l’autre éclairé)
Naturellement,
le rat va dans le compartiment sombre. Mais, comme il y a un fil électrique à
l’entrée de ce compartiment, il se prend une décharge.
Il va ensuite
éviter ce compartiment pour se diriger vers le compartiment éclairé.
1ère
séance : Phase d’apprentissage,
2ème
séance : Phase de rappel (avec un
laps de temps que l’on détermine)
Il s’agit d’un
apprentissage simple : l’acte est produit au hasard qui ne requiert aucune
réflexion préalable.
Exemple : Le labyrinthe :
Il consiste en l’apprentissage d’un trajet systématique. On utilise un labyrinthe radial (à 8 branches) avec de la nourriture dans 3 branches.
L’expérience répétée 8 fois par jour pendant 9 jours.
Le nombre
d’erreurs (= visite de bras non renforcés) commises à chaque séance permet
d’évaluer l’acquisition de l’épreuve.
Exemple : La piscine de Morris :
On dispose avec
une plate–forme immergée qui permet au rongeur de s’échapper de l’eau.
L’emplacement de la plate–forme est constant.
Après 5 séances,
le sujet nage directement vers la plate–forme quel que soit son point de
départ.
§ Motivation et
renforcement :
Renforcement :
Il correspond à
la conséquence qui augmente la probabilité, l’occurrence, d’apparition de tout
acte auquel il est associé.
On distingue le
renforcement négatif qui fait augmenter l’occurrence de la réponse, de la
punition qui la fait diminuer.
Exemple de
punition : L’évitement passif :
On conserve les
2 compartiments, le rat connaît les 2 compartiments et on sait qu’il vaut mieux
rester dans le compartiment éclairé.
Si on place le
rat dans le compartiment éclairé, il y reste.
" On a diminué l’occurrence que le rat essaie
d’aller dans la salle sombre = punition
Puisque ce
comportement opérant n’est pas un réflexe qui peut être déclenché par un
stimulus approprié, il va falloir créer chez le sujet une motivation.
Exemple de
motivation :
La privation de
nourriture, évitement de choc électrique, de situation stressantes,
satisfaction de besoins vitaux, recherche de congénère, etc.
Ø Cas
des conditionnements aversifs :
Exemple : L’aversion alimentaire conditionnée :
SI : Chlorure de lithium " Provoque des troubles gastro–intestinaux.
SC : Eau sucrée " Inoffensif.
SC + SI : Eau sucrée + Li Cl " Dégoût profond et durable.
Ce genre de
conditionnement est effectif en une seule application.
De plus, on peut
allonger le délai d’apparition des troubles jusqu’à 7 heures après la prise de
boisson sucrée.
Les
apprentissages « simples » ne rendent pas suffisamment compte de la
complexité du monde auquel les animaux doivent réagir et s’adapter.
L’animal ne va
pas toujours réagir de la même manière (pensée des éco–éthologistes)
Exemple : Le rat surmulot :
Dans son environnement naturel, il ne répond pas de façon stéréotypée à tous les stimuli.
Il doit apprendre :
-
À
reconnaître et discriminer des types d’aliments,
-
À
mémoriser les localisations des sources de nourriture et leur fréquence de
renouvellement,
-
À
s’orienter dans un environnement complexe et potentiellement dangereuse
(prédateur),
-
À
naviguer vers des lieux éloignés, inconnus,
-
À
reconnaître rapidement un piège ou un prédateur,
-
Etc.
Le sujet doit
construire des représentations mentales complexes des lieux et des événements
qui s’y sont produits en y incluant une information relative au moment où ils
sont survenus.
Ces
représentations mentales doivent être mémorisées.
Construction des
représentations mentales :
Il y a une
sélection et une extraction de son environnement des éléments d’information
pertinents qui seront assemblés en fonction de règles précises.
Comment l’animal
acquiert–il les connaissances ?
C’est le travail
des spécialistes de l’apprentissage qui consiste en l’approche cognitive
de l’apprentissage.
Apprentissage
cognitif :
Il s’agit du
processus par lequel un organisme acquiert la conscience des événements objets
(et congénères pour les espèces sociales) de son environnement. Il suppose
l’établissement de représentations mentales.
Ce type
d’apprentissage peut se réaliser en dehors de tout contexte motivationnel (sans
renforcement)
L’approche
cognitiviste insiste sur la distinction entre l’apprentissage et les
performances. Et il est difficile de mesurer ces performances car ces
apprentissages ne s’expriment pas forcément.
v Apprentissage latent :
Si l’on
introduit une souris (ou un rat) dans un environnement particulier, celle–ci
déploie une activité d’exploration intense qui décroît au fil du temps (ou des
séances)
Des animaux
familiarisés, sans récompense, à un environnement (comme le labyrinthe)
apprennent plus vite des animaux témoins (non familiarisés)
Expérience de
Tolman :
Là-dessus
va se faire un apprentissage opérant (instrumental)
" Notion de « carte cognitive » ou de
représentation spatiale (mentale)
L’animal
acquiert une représentation des trajets de la position relative des différents
lieux de l’environnement, ce qui lui permet d’optimiser son parcours et de
choisir de nouveaux trajets.
Exemple : Le singe avec les pierres dans l’enclos,
Les
oiseaux (mésanges) qui enfouissent des graines et va les retrouver.
Expérience
d’Openfield :
On se trouve
dans un lieu rond ou carré. L’animal connaît le lieu vide.
-
Un
laps de temps après, l’animal revient dans le lieu avec des objets.
" Il effectue une reconnaissance de cette
nouveauté par une exploration directe de ces nouveaux objets.
-
Encore
un laps de temps après, on change des objets.
" Il reconnaît les changements d’objets.
L’animal est
capable de reconnaissance des objets au niveau métrique et au niveau de la
configuration spatiale. La ré–exploration se fait de manière spécifique vers
les objets changés.
Pour pouvoir
ainsi réagir à différents types de modifications survenues dans son
environnement familier, la souris doit avoir acquis et mémorisé une
représentation des lieux (carte spatiale) ainsi que des informations sur la
nature des objets, de même que leur relations spatiales (métrique et
topologique) qu’elle va comparer à la situation actuelle.
v Insight ou compréhension
soudaine :
Elle correspond
à la découverte soudaine de la solution à un problème : l’éclair de
compréhension ou le « Eurêka ! »
Exemple : Les chimpanzés de Köhler :
1ère
expérience :
Une banane est
suspendue très haut dans une cage, l’animal ne peut pas l’atteindre même en
sautant. Il a des caisses à sa disposition.
Après un moment
d’hésitation, le chimpanzé trouve la solution et empile les caisses pour
attraper le fruit.
2ème
expérience :
Le chimpanzé
dispose de 2 tiges de bambou dont aucune n’est assez longue pour atteindre le
fruit placé hors de la cage. Les 2 tiges peuvent s’emboîter.
Au bout d’un
moment, après avoir joué avec les tiges, il les réunit au hasard. Alors il se
rue sur les barreaux de la cage pour attirer le fruit avec la longue tige.
L’expérience
vécue est importante pour ce type d’apprentissage : les individus les plus
vieux vont avoir un tel apprentissage plus rapidement.
v Imitation – apprentissage
par observation :
C’est le cas des
transmissions culturelles : le comportement est modifié par l’observation
d’un modèle.
Il n’y a qu’un
seul cas d’apprentissage par observation constaté chez les invertébrés :
les céphalopodes (espèces les plus développées)
Exemple : Le jeune pinson apprend à chanter en imitant
les adultes ; il n’y a aucune motivation du jeune au départ.
Exemple : Les macaques de l’île de Koshima au
Japon :
Ils ont appris à
laver des patates douces à l’eau de mer, ce qui les nettoie du sable.
Le 1er
individu à l’avoir fait est une femelle nommée Imo.
Par la suite, ce
comportement est transmis par imitation des adultes.
4 ans après, 50
% des individus lavent leurs patates douces. Mais les vieux mâles et certaines
femelles dominantes n’ont jamais lavé ces patates.
De même, Imo
prend les grains de blé plein de sable et les met dans l’eau. Ces derniers
flottent tandis que le sable coule.
Cette
transmission dépend du statut social des individus.
Exemples :
-
Les
orques présentent une stratégie particulière de chasse des otaries en
se jetant sur la plage. Il y a, là aussi, une imitation des jeunes.
-
Les
macaques présentent des habitudes alimentaires en imitant celles des parents.
-
Les
mésanges bleues (en Grande Bretagne) ont appris à percer les capsules des
bouteilles de lait déposées sur le perron des habitations pour manger la crème
qui monte à la surface.
Problème : Les mésanges vont naturellement écarter les
écorces pour y manger les vers.
Ce comportement pourrait être un apprentissage
instrumental avec un renforcement positif (la crème)
v Imitation vraie ou
apprentissage vicariant :
Il s’agit de
l’imitation d’un comportement avec une compréhension de la totalité de la
situation.
Pour vérifier ce
cas : Les chimpanzés de Köhler :
L’expérience a
été refaite avec une démonstration en vidéo. Dans ce cas, l’animal trouve
immédiatement la solution.
On parle
d’animal démonstrateur et d’animal observateur. L’apprentissage devient
beaucoup plus rapide.
v « learning sets »
ou apprentissage à apprendre :
Il correspond à
une situation où un individu est soumis à une série de conditionnement (souvent
associatifs) successifs et différents mais ayant des points communs importants
(modalité sensorielle des stimuli, natures de la réponse et du renforcement,
etc.)
Ces
conditionnements sont acquis de plus en plus rapidement.
Exemple : Des insectes volants avec un nid :
On bouche l’entrée du nid et en fait une autre :
" Les insectes vont prendre des heures avant de
trouver la nouvelle entrée.
On rebouche l’entrée et en refait une autre et ce plusieurs fois :
" À chaque fois, les
insectes vont prendre moins de temps à découvrir la nouvelle entrée.
Exemple : Les singes :
On effectue une
série d’apprentissages discriminatifs :
Essai
n° 1 : Objet A (renforcé) Objet B
(non renforcé)
9 réussites sur 10 $
Essai
n° 2 : Objet C (renforcé) Objet D
(non renforcé)
9 réussites sur 10 $
Essai
n° 3 : Objet E (renforcé) Objet
F (non renforcé)
9 réussites sur 10 6
Plus ça va
aller, plus l’animal va apprendre à répéter le comportement qui va apporter la
nourriture.
Les céphalopodes
sont aussi capables d’avoir un tel apprentissage.
Exemple : Le rat avec une inversion successive
des consignes :
Essai
n° 1 : Objet A (renforcé) Objet B
(non renforcé)
9 réussites sur 10 $
Essai
n° 2 : Objet A (non renforcé) Objet B
(renforcé)
9 réussites sur 10 $
Essai
n° 3 : Objet A (renforcé) Objet B
(non renforcé)
9 réussites sur 10 6
Cette expérience
est aussi possible chez le poulpe.
Nombre
d’erreurs
Nombre
d’inversion
%
de réponses correctes
Nombre d’essais
Le poulpe est
capable de dévisser un pot pour manger le crabe qui y est enfermé. Il y a la
possibilité d’avoir un poulpe démonstrateur avec un poulpe observateur. Ce
dernier ouvrira ensuite plus rapidement le pot.
Ø Caractéristiques
des apprentissages cognitifs :
-
La
flexibilité des comportements,
-
La
nouveauté : capacité à mettre en œuvre des moyens nouveaux (exemple
de l’outil),
-
La
généralisation : capacité à généraliser ces moyens nouveaux à des
contextes (partiellement) différents.
On passe de
ça :
Stimulus
Béhaviourisme
Comportement
À ça :
Environnement
Représentation, organisation
de l’information
Comportement
Conclusion :
Il y a une
représentation mentale de l’espace et des objets.
Une nouvelle dimension
vient s’ajouter à ces apprentissages complexes : la dimension sociale qui
aboutit à la cognition sociale.
C’est–à–dire que
l’animal social va :
-
Se
faire une représentation de ses congénères (carte cognitive des individus),
-
Se
situer entre les autres dans le groupe (statut),
-
Leur
attribuer leurs intentions, leurs capacités à nouer des alliances,
-
etc.